jeudi 31 mars 2011

Faman est un nazi

Ceci est un billet à vocation thérapeutique expiatoire.

Il y a des moments comme ça où dans la vie d’un génie créateur, et pour tester notre foi en l’absurde, Dieu envoie des vachtes de saloperies que même à coté les sept plaies d’Egypte, on eusse dit qu’il n’y en aurait eu en fait que deux, dont une prise en charge par les assurances et l’autre remboursée par la sécu (avec une bonne mutuelle toutefois).

lundi 28 mars 2011

Le Dernier Client - Episode 4

La suite de la suite de la suite...mais quand donc tout cela va t'il finir ?

Ben, il est resté comme un con, les yeux grands ouverts. Moi, j’ai vu pas mal de saloperie en Afghanistan, des "mujāhidūn" courir en se tenant les boyaux pour pas qu’ils sortent de leur bide, des gars se baisser pour ramasser leurs propres doigts arrachés par un shrapnel, des joyeusetés du genre, la guerre, gross malheur, hein ? Alors c’est pas que je faisais le malin mais disons que j’ai réussi à garder un semblant de consistance et de calme. J’ai demandé au type s’il avait eu un accident, s’il voulait qu’on appelle du secours mais, en plus de cette immonde blessure, j’ai tout de suite vu qu’il y avait quelque chose qui tournait pas rond chez le bonhomme. N’importe qui dans son état se roulerait par terre en chialant et en appelant sa mère.
Pas lui.

mercredi 23 mars 2011

Le Dernier Client - Episode 3

La suite des aventures des gars du OFL...pour les épisodes précédents, ben, ils précèdent.

Le gars est resté un moment à la porte. Sans bouger. Au début, j’ai cru qu’il attendait des potes mais personne ne se radinait à la suite. Pour tout dire, la première impression qu’il m’a faite de loin est qu’il avait déjà eu sa dose, vu comment, même en mettant pas un pied devant l’autre, il arrivait pourtant à tituber. Il était vouté, ses bras tombant mollement de ses épaules, et il avait la bouche grande ouverte. Je me suis dit qu'il n’allait pas beaucoup biberonner avant de tomber raide derrière le zinc. Je détestais ce genre de client. Pas beaucoup de rentrée dans le tiroir-caisse et beaucoup d’emmerdes à gérer après. Faudrait éviter que le gars ne se gerbe dans les bronches, le fouiller en essayant de pas tomber sur une seringue, de la pisse ou pire, trouver un numéro, un contact, une âme charitable dans son carnet d’adresse qui viendrait le chercher pour le ramener chez lui…

samedi 19 mars 2011

Le Dernier Client - Episode 2

(Résumé des épisodes précédents  : Et puis quoi encore ? C'est pas Santa Barbara !
Pour se rafraichir la mémoire, l'épisode 1 est là !)

Enfin, faut que je vous parle de mon client quand même, c’est bien pour ça que vous êtes venu me trouver, non ? Alors je vais vous en parler.

Ce soir là, comme à peu près le reste des six autres soirs de la semaine, on était deux. Moi derrière le zinc, et le vieux Ben, sur un tabouret, pas tout à fait en face de moi. On était presque trois à dire vrai tellement le nez couperosé de Ben a du caractère et du répondant. Il était là, au milieu de sa figure, trempant allégrement dans son Four Roses...pas le meilleur Bourbon qui soit, mais largement de quoi oublier le réel en peu de temps. Drogue légale, belle couleur ambrée.

lundi 14 mars 2011

Le Vice Caché

C'était tôt le matin, parce que les meilleurs affaires, on les fait tôt le matin, quand les exposants arrivent. Faut pas attendre que les brocanteurs aient fini de déballer leurs cartons, ni même leur en laisser le temps. Le négoce, il se fait directement au cul de la bagnole si vous me permettez. Et puis j'adore ça, fouiller directement dans les paquets. On creuse un peu dans la vie des gens. On voit leur passé, ce qu'ils sont, ce qu'ils aiment, ce qu'ils ont été et ne sont plus. Alors faut aller vite, on les presse un peu, on insiste, on les stresse pour qu'ils nous vendent la merveille une bouchée de pain, pendant qu'ils ont la tête à comment ils vont organiser leur stand. C'est comme en amour, une fois que tout est sorti, y'a plus l'élan amoureux. Vous voyez ce que je veux dire, hein ?

jeudi 10 mars 2011

Le Dernier Client - Episode 1

On ne tue pas les morts, ça parait pour beaucoup une évidence. Je veux dire, le boulot est déjà fait, non ? Mais de nos jours, les évidences, c’est comme les dents des retraités de l’industrie pétrochimique, y'en a plus une qui tient la rampe. Les retraités, je parle de ceux de Tulsa, ceux qui déjà ont eu la chance d'arriver jusqu'à la retraite et qui avaient échangé leur mutuelle dentaire contre une prime exceptionnelle pour un thanksgiving qu’on a eu largement le temps d'oublier depuis. Le résultat est que leurs ratiches, à cause des vapeurs de solvants, elles sont toutes allées dire bonjour à la petite souris. Mâcher avec les gencives, c'est pas une sinécure, alors les vieux, ils ont eu le temps de la regretter la mutuelle, et maintenant, ils achètent des blenders à 19.99 $ pour remplacer leurs chicots. J’imagine même pas le malheur que c’est de devoir se taper un T-bone à la paille.

jeudi 3 mars 2011

Le jeune Colin - Episode 1

Colin Nadeau était né d’une famille bien sous tout rapport de police. Dans la région, on parlait de lui comme du 13ème à la douzaine, étant donné que si vous demandiez à sa mère, et si elle vous répondait poliment, c'est-à-dire si elle était à jeun, ce qui n’arrivait jamais, elle vous certifiait alors qu’il était le dernier d’une fratrie composée, outre donc Colin, exclusivement de cinq filles et cinq garçons, ce qui après vérification faisait bien douze enfants car chez les Nadeau, on ne comptait pas très bien.  Du reste, compter n’était pas une activité particulièrement utile dans la famille. En matière de compte, on comptait surtout
  • sur les autres
  • sur la providence
  • s'en sortir sans lever le petit doigt