Ceci est un billet à vocation thérapeutique expiatoire.
Il y a des moments comme ça où dans la vie d’un génie créateur, et pour tester notre foi en l’absurde, Dieu envoie des vachtes de saloperies que même à coté les sept plaies d’Egypte, on eusse dit qu’il n’y en aurait eu en fait que deux, dont une prise en charge par les assurances et l’autre remboursée par la sécu (avec une bonne mutuelle toutefois).
C’est comme ça que vous vous levez un matin, évidemment mal réveillé suite à une nuit de turpitude artistique et de fièvre créatrice, et que négligemment, tout en baillant du coin de votre gueule qui sent le café, vous sauvegardez comme un con une feuille désespérément vierge sur votre précieux .doc empli de dizaines de milliers de caractères tous savamment agencés entre eux pour former un sommet de littérature que vous postez en épisode sur le présent blog, et sur lequel vous travaillez orgueilleusement depuis maintenant des semaines.
Inutile de dire que le document est aussitôt écrasé, anéanti, ce en même temps que votre vie. Mais je le dis quand même parce que ça soulage en fait même pas mais quand même je le dis.
Et alors vous criez votre désespoir à la lune qui s’en fout comme du quartier de son enfance quand vous vous rendez compte du vilain tour que viennent de vous jouer la fatalité et Bill Gates réunis.
Quand je dis vous, je dis moi en fait, je ne dis pas que vous faites tout ça, vous m’avez bien compris ? Oh et quand je dis « vous m’avez bien compris ? », là, par contre, je dis pas moi, je dis vous, merci de suivre un peu bande de cons.
Pardon. Excusez moi, c'est la douleur.
Après l’inévitable moment de repli fœtal, suivi de la traditionnelle envie suicidaire subjuguée quasi-immédiatement par le besoin irrépressible de tuer sauvagement la moindre personne tentant de rentrer en communication avec vous, vient inévitablement la phase de lucidité profonde.
Je-suis-le-plus-grand-connard-que-la-terre-ait-jamais-porté.
A coté de moi même Gandhi parait fréquentable (personnellement, les types qui se promènent à poil avec juste un drap de bain, je m’en méfie).
Après cette petite séance d’auto-accablement (nécessaire et justifiée) vient le moment où l’on se dit que l’on va devoir réapprendre à vivre, le gout des choses simples, se laver, manger, faire des ratonnades….et aussi, se remettre au taf et quand même le finir ce putain de truc sa race de vos mères les putes. Mères les putes que je baise, bien entendu.
Pardon. C'est la douleur encore.
Oui, on peut rechuter dans la phase d’incommunicabilité et d’agressivité, mais c’est passager.
On peut se remettre au taf disais-je, et tenter de reprendre le texte là où nous en étions restés dans le blog et reconstruire le récit à partir des souvenirs que nous avions du dit-texte déjà écrit alors. C’est faisable, après tout, on est l’auteur oui ou merde ? On doit bien savoir ce qu’on voulait dire, n’est ce pas ?
Sachez que cet exercice est très désagréable et douloureux.
Un peu comme de marcher deux fois de suite dans la même merde.
Ceux qui ont déjà été forcés de manger leur propre vomi me comprendront. Et là, je voudrais au passage rendre hommage à John Smith, le créateur de l’Eglise de Mormons et des Saints des Derniers Jours. John, je comprends maintenant le désarroi que tu as du connaître le jour où tu fus obligé de réécrire une partie du livre de Mormons que Dieu lui-même t’avais dicté, tout ça parce qu’un crétin en avait perdu 116 pages. Pas de bol.
Ceux qui ont déjà été forcés de manger leur propre vomi me comprendront. Et là, je voudrais au passage rendre hommage à John Smith, le créateur de l’Eglise de Mormons et des Saints des Derniers Jours. John, je comprends maintenant le désarroi que tu as du connaître le jour où tu fus obligé de réécrire une partie du livre de Mormons que Dieu lui-même t’avais dicté, tout ça parce qu’un crétin en avait perdu 116 pages. Pas de bol.
Alors humblement, tu as redemandé à Dieu de te dicter de nouveau le passage manquant et j’aime autant dire que Dieu était fumasse comme je le suis aujourd’hui. Il accepta cependant de dicter une nouvelle fois son livre mais d’une manière légèrement différente, car on a beau s’appeler Dieu et être pourtant omnipotent, c’est coton de pondre deux fois le même texte à la virgule près.
Alors qui suis-je moi-même pour réaliser un tel prodige si Dieu n’en est même pas foutu ?
Aussi, demanderai-je à mes trois lecteurs habituels et courageux de bien vouloir patienter pour la suite du récit, qui va s’écrire, n’en doutez pas. Mais je dois d’abord me prendre une bonne biture pour faire passer la pilule.
Honnêtement, on voudrait faire couler ce blog qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Je te souhaite le pire à venir dans ta vie. Maladie, chômage, divorce, prestation compensatoire, impuissance.
RépondreSupprimerSi cela nous permet encore de lire des trucs aussi hilarants que ce texte, je te souhaite vraiment mais vraiment le pire. Et plus encore.
Sonia.
De toute façon, t'aurais été du genre à te marrer comme une bossue à Dachau, toi, alors ça veut rien dire. :/
RépondreSupprimerVous ne chercheriez pas plutôt un petit utilitaire de récupération de fichiers perdus ? Quand vous "effacez" un fichier, vous ne faites que modifier légèrement la table d'attribution de l'espace disque. En agissant immédiatement, y a moyen de récupérer.
RépondreSupprimerhttp://www.commentcamarche.net/faq/309-recuperation-de-donnees-perdues
Enfin, non, continuez plutôt à nous faire marrer.
moi j'ai déjà écrit trois romans, dont deux Pullitzer et un Goncourt. Et à chaque fois j'ai oublié de les sauvegarder, et à chaque fois j'ai tout perdu avant que quiconque ne les lise, et à chaque fois il s'est trouvé un connard pour me dire "c'est la vie. Y'a des choses bien pires !".
RépondreSupprimerC'est la vie, Faman. Y'a des choses bien pires !
et puis si j'ai bonne mémoire, la toute première fois que j'ai laissé un comm sur ce blog, il n'a pas été pris en compte. Un comm de niveau "Prix Nobel du Comm", pourtant.
RépondreSupprimerAlors bien fait. Et je te souhaite même qu'un sansonnet te fasse pipi dessus.
C'est vrai qu'il y a des choses bien pires, genre se coincer un doigt dans deux portes.
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