lundi 14 février 2011

L'endive est un nazi !

L'endive,c'est Pyongyang dans nos assiettes
Bonjour, amis des mots nazis. Nous étrennons aujourd’hui une nouvelle rubrique au sein de ce blog : Les Nazis Mots de la Ferme Tagueule. Rions
Il s’agit d’une rubrique dédiée spécialement aux mots nazis.

Qu’est ce qu’un mot nazi ?

Il est de notoriété publique que les nazis sont des sales types et des gens peu fréquentables, certains sont même blonds avec des grandes bottes en cuir alors même que c'est soooo 1942.

On répugne en général à les inviter dans les soirées mondaines étant donné qu'ils plombent toujours un peu l'ambiance à systématiquement faire les guignols entre la poire et le fromage, à essayer de déporter ou gazer le premier juif venu, en mettant en plus les coudes sur la table et en chantant très fort des chansons militaires du IIIème Reich, voir même pour les plus fanatiques, en se mettant soudainement à parler des résultats en championnat du PSG. C'est dire.

« Le nazi, finalement, il vaut mieux l’avoir en peinture », disait Hitler qui reconnu s’être un peu mélangé les pinceaux sur la fin (on parle de l’artiste là, pas de l’homme politique) avant de passer l’arme à la gauche communiste qui arrivait à Berlin à ce moment là. Par l’est qui plus est. Les russes sont prévisibles, ils viennent toujours par l’est.

Partant de ce principe, on peut dire qu’un mot nazi est un mot peu fréquentable et que tout individu bien né et de goût évitera d’avoir dans son vocabulaire courant, d'utiliser, ou alors à la rigueur en le plaçant juste dans le registre des insultes et pour chercher à être déplaisant à quelqu’un, là, c’est toléré.

Le premier mot nazi que nous allons aborder dans cette rubrique est le mot « Endive. » également connu dans les îles sous le vocable déplaisant de chicon-gougna, et où la radio nous apprend chaque jour qu'il y fait encore des ravages parmi la population. Amis insulaires, j'ai une pensée pour vous.

Et là, déjà, j’en vois trois qui sortent, deux qui vomissent et cinq qui me disent « Peuh, Desproges l’a déjà fait, sombre connard ». D’abord, sachez que je vous emmerde, bande d’endives ! Je vous braise jusqu'à l'os.

D’une vous serez gentil de ne pas m’insulter chez moi, ou alors de faire preuve d’un peu plus d’originalité, pour que je puisse ensuite reprendre vos saillies à mon compte, et les placer ultérieurement en faisant croire qu'elles sont de moi.

Et de sept (c’est une ellipse, j’ai coupé volontairement les cinq arguments précédents, il y avait beaucoup de redite ), c’est mon blog, je vous ferais dire, alors j’y critique les mots que je veux.

Oui, bien sûr que je sais que le grand Pierre dans son illustre ouvrage du « Dictionnaire superflu à l'usage de l’élite et des biens nantis » paru en 1985 (une merveille, courez le télécharger, le voler à la Fnac, ou voir même pour les plus sarkozystes, l'acheter) vilipende l’endive avec fougue, talent, drôlerie et raison.

Certains verront peut être alors dans ces quelques lignes une forme d’hommage disert au génie de l’artiste. Attendez…la formule est maladroite. Peut-on vraiment parler d’hommage disert ? Ces deux mots ne vont pas très bien ensemble. J’aurais envie de dire que par le menu, c’est hommage ou disert, mais pas les deux ou alors fallait prendre à la carte.

Alors oui, je le confesse bite poil. Desproges est passé par là avant moi, avec tout le talent et la verve qu’on lui connaît, et puis quoi ? Ne peut-on plus poeter à table parce que Rimbaud faisait de même sans dire pardon ? Ne peut-on plus pisser sur Madame Bovary parce que Flaubert nous dit que c’est occupé ? Ne peut on plus baiser parce que Victor Hugolo-golo dans la case ? Allons, allons.

Sachez que je n’ai pas attendu de lire Desproges pour détester l’endive, déjà en 1984 alors que je n’avais que huit ans, je militais pour qu’elle figure sur la liste de la convention de Genève contre les armes salopes.

Nous fume grandement réprimés par le pouvoir en place de l’époque, notamment ma mère aidée de mon père qui me tenait la mâchoire ouverte pendant qu’on m’introduisait de force dans la bouche la semence putride du démon. C’est ainsi que j’appelle intimement l’endive et croyez bien que je regrette de devoir utiliser le mot « intime ».

La vérité, c’est que Desproges n’a fait que survoler la noirceur méphitique de l’endive. Jetez moi la première pierre, Endive ! Pouf pouf…Jetez moi le première endive, Pierre ! Vous ne fûtes qu'un mièvre antichicon primaire, je ne suis pas d'accord avec cette façon de voir, je suis donc l'antichicon désaccord comme dirait l'accorte présentatrice de la météo portugaise Evelyne Deliach Da Silva.

Je me plais à penser que je suis un anti-endive secondaire. Je hais l'endive, non pas pour ce qu'elle est, mais pour ce dont elle est capable. Je sais que si l’on n’y prend pas garde, l’endive peut mener à la fin de la civilisation. Il nous faut éradiquer l’endive pour le bien de tous.

Alors au mieux, me taxera-t-on de suivisme, de manque d’originalité dans le sujet traité. Ah, je plaide coupable, mais demande la clémence des lecteurs, j’ai beaucoup souffert de la maltraitance culinaire étant enfant. Je ne cherche pas à vous émouvoir. « Ce qui a perdu Robin des Bois, c’était de toujours vouloir tirer la corde sans cible » disait le sénateur Gerard Larcher fort justement, lui qui n’est pourtant pas une flèche. Alors je tacherais de ne pas évoquer trop longuement ces douloureux et encore vivaces souvenirs où je déglutissais péniblement des platellées entières de l‘immonde chicorée cuite à l’eau et pourrissant dans son jus glauque, pouah.

Combien de verre d'eau entier m'a t'il fallu pour pouvoir gober tout rond des quantités déraisonnables de cette fibre amère ? Je prenais systématiquement trois kilos dans l’opération et devait réprimer mes instincts vomitifs pour la plus grande joie perverse de mes parents qui s'en allaient ensuite faire l'amour sauvagement, certainement excités par ces rituels impies de gavage.

Je devais également et en outre (que j'étais devenu, ainsi gonflé d'eau) subir les quolibets rageur du reste de ma famille qui me conspuait de ne pas ainsi célébrer dans la jovialité la fadeur à outrance et l’amertume extrême, qui confine presque au crime contre l’humanité, de ce légume démoniaque.

Si je devais résumer mes repas en trois mots, quand l’endive s’invitait à table malgré moi, ce n'était qu'amertume, eau et larme. Dans les premières versions de l'évangile, le Christ devait souffrir sa Passion en étant réduit à mourir par endivation forcée. Finalement, la scène fut coupée au montage, jugée trop lourde et violente émotionnellement et on suggéra de remplacer le châtiment par la crucifixion, une mise à mort de loin plus humaine et digne, mais aussi nettement plus spectaculaire. Et on connaît d'ailleurs depuis le succès jamais démenti de la javel Lacroix "Elle lave vos suaires plus blanc que blanc".

J'accuse l’endive de porter jusqu’en dans son appellation la marque de l’infamie. C’est une chicorée. Je n’invente rien. Et vous savez où cette saloperie est cultivée en premier lieu ? Dans le Nord de la France.

J’en vois qui clignent encore de leurs yeux de veaux. Faut il vraiment que j’insiste ? La chicorée du nord, bon sang, CHICORÉE DU NORD…un hasard ?

Voilà donc ce qu’est cet odieux légumineux, un régime autant alimentaire que despotique et je pèse mes mots à la balance du primeur. A l’image de son sinistre cousin géographique, l’endive c’est Pyongyang dans nos assiettes ! C'est Kim Jong Il présentant un dîner presque parfait. Tu as dis presque ? Camp de redressement pour toi, camarade citoyen.

Oui, je l'avoue, je le clame haut et fort, j'ai une tendre malveillance pour l'endive. L'endive c'est Hitler dans ta bouche. L'endive, c'est dégueulasse, c'est cacaboudinolesque. Crue, c'est déjà indigne mais alors, c'est seulement une fois cuite qu'elle révèle toute sa puissance anti-gustative. D'ailleurs l'endive est en soi un mot des plus déplorables. Se faire traiter d'endive sans rechigner, c'est accepter d'être catalogué niais et inintéressant, on dit mou comme une endive, on dit plat comme une endive, on dit se faire braiser comme une endive.

Mais vous trouverez pourtant toujours de tristes abrutis pour venir prendre la défense du chicon. Entre partisan de ce faux-fruit, c'est l'union sucré. D'une voie rendue érayée par l'avalage forcé de kilomètres de cette engeance, ils vont diront niaisement "Mais c'est bon l'endive pourtant. Comme de par exemple, les endives à la béchamel, c'est bon ! Alors bon ! Tu vois ?"

Tristes sots…ce qui est bon dans l'endive à la béchamel, c'est la béchamel !

C'est la crème ! C'est le beurre ! Ce sont les bons produits vachers de notre enfance ! C'est le bon fromage qui nappe le tout, doré au four, qui font et croustille et craque sous le palais et délivre milles orgasmes papillaires à la seconde…si tant est qu'aucune molécule endivesque ne vienne mesquinement se mélanger et faire précipiter le mélange savoureux en une bouillie glaireuse et sure, un cornet deux boules parfum vomi.

Certains autres, fous qu'ils sont, en viennent même à gaspiller une tranche de jambon dans l'horrible mixture, sans comprendre qu'ils cherchent juste, par l'apport charcutier, à masquer le goût horrible de l'endive. Quand je vois ça, je me désole de l'inaptitude culinaire de mes contemporains, et je pleure sur la destiné de ces porcs, qui chaque jour, finissent en couverture pour endive, et qui, pour ainsi dire, meurent pour rien ! Je sais que ces propos dérangent mais en ce qui concerne le respect du à la cochonnaille, je le dis haut et fort "Porc, salut !" et personne ne pourra me faire taire car on ne bâillonne pas les gens bons.

Un monument à la gloire de ces gorets inconnus, sacrifiant leur échine au bon goût, ne serait pas de trop. On l'érigera dans un pré vert et on y adjoindra la mention suivante : Oh, Barbara, quelle connerie l'endive...

Demain, nous parlerons du céleri, cet autre légume nazi.

6 commentaires:

  1. le céleri, alors ça c'est un sacré fils de pute !
    Quant à l'endive, m'étonnerait pas que sa mère de fasse prendre dans un cagette sous du papier journal. Salope.
    Pis aussi, l'endive, y'en a là dedans : http://1.bp.blogspot.com/_mHYxRNmLHP8/STx4PC8aeRI/AAAAAAAACQ8/BtSc5mu_u-w/s400/ChicoreeLeroux.jpg

    Et on s'étonnera que les rouquins subissent mollards dans les yeux et défenestrations ? Bah putain...

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  2. Les fenêtres ne méritent pas ça. é_è

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  3. je viens te remettre la pression en ce dimanche matin, "que j'eusse aimé qu'on révérât"
    ne néglige jamais les subjonctifs de l'imparfait (ni du plus-que-parfait, d'ailleurs) ils permettent les jeux de mots les plus débiles ;-)
    l'eusses-tu cru?

    juste un truc: faut être drôlement MOTIVé pour mettre un comm chez toi dis donc!!! presque autant de formalités à remplir que pour entrer aux Etats-Unis... ;-)

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  4. Mince, c'est vrai ?
    Je crois que c'est l'interface blogger qui est comme ça, il faut choisir son profil dans une liste, c'est un peu lourdingue mais je ne peux pas le paramétrer plus simple que ça =(

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  5. "J’aurais envie de dire que par le menu, c’est hommage ou disert, mais pas les deux ou alors fallait prendre à la carte".
    Si Revillon te la pique pas celle-là !
    Soanne qui n'arrive pas à rattraper tout ce retard de lecture.

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  6. Votre haine de l'endive vous égare et vous en faîtes tout un plat. Quand cessera-t-on de stigmatiser l'endive ? Et pourquoi pas un débat sur le légume national, Môôôssieur ?
    Un endiviculteur outragé.

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C'est là qu'on laisse son petit commentaire, une seule règle : être poli. Oh pi non, on s'en fout !